Au jardin le 26 mai

Un soleil plus que radieux, de la pluie en quantité infinitésimale… Comme chacun a pu le constater, l’été a pris ses quartiers avec non pas un temps, mais un printemps d’avance.

Certes, tout le monde en profite et se délecte de cette météo au beau fixe. C’est vrai que, du côté des barbecues et autres réjouissances d’extérieur, la saison semble idéale. Mais, elle l’est nettement moins du point de vue du jardin… 

Comme Isabelle et Alain ont eu l’occasion de l’exprimer, cette sécheresse précoce met à mal et perturbe(ra) sans doute durablement les récoltes. Nos dévoués maraîchers ont beau arroser les plants, la chaleur qui persiste à se maintenir plusieurs degrés au-dessus des normales saisonnières laisse(ra) des traces. Rappelons que les semis d’aujourd’hui donneront les légumes de demain… 

A bien l’observer, le contenu des paniers permet déjà de prendre la mesure de l’impact du manque d’eau et de la « canicule » sur la nature. Isabelle l’a clairement expliqué lors de la dernière distribution, la croissance des légumes est contrariée – pour ne pas dire empêchée – par une terre très (trop) dure, asséchée. Les jeunes pousses ont du mal à se développer dans un sol aussi coriace ! Certes, les carottes nouvelles sont belles et bonnes et les Amapiens ravis… Mais leur taille n’est pas tout à fait celle attendue par les maraîchers à ce stade de l’année. Chacun s’en accommode parfaitement, mais on comprend leur petite déception, sincère.

Pour les végétaux, légumes de terre en tête, difficile en effet de faire « racine » et de « profiter » pleinement. Jusqu’aux fanes, vertes mais un plus chétives qu’elles ne devraient. Au potager, le phénomène semble global. Même les oignons sont empêchés de « tourner en rond ». Les bulbes, avec leurs feuilles s'enveloppant les unes dans les autres de façon concentrique, ont toutes les peines à se frayer un chemin dans le sol. « Piégés » dans cette gangue, il leur est alors plus facile de se contenter de faire une tige plutôt que de former lentement une sphère sur eux-mêmes.

Résultat : Isabelle et Alain récoltent plus tôt des légumes moins gros que prévu et veillent sur les semis avec une attention toute particulière (notamment pour déplacer d’un endroit à l’autre de l’exploitation les lourds tuyaux d’arrosage). De quoi bousculer le calendrier de récolte !

A leur manière, les insectes profitent aussi des caprices du ciel. Les doryphores, par exemple. Ce « charmant » coléoptère dont le nom évoque les vacances (et même une certaine catégorie de vacanciers J) a déjà pris ces quartiers d’été dans les champs. De pommes de terre, cqfd. La semaine passée, Eliane a raconté avec humour (mais réalisme) que la lutte – biologique - contre l’envahisseur était clairement engagée ! Avis aux bonnes volontés pour « épouiller » les plants et éradiquer la très vilaine bête ! Dernier envahisseur en date : la noctuelle défoliatrice dont la chenille grisâtre, dodue et recroquevillée sur elle-même se délecte des feuilles du chou (et même du navet).

Vous l’aurez compris, en plus de délicieux légumes, fraises et autres plantes aromatiques qui font le bonheur de nos papilles/pupilles, nos maraîchers cultivent quelques angoisses pour nous livrer, autant que possible face à cette chaleur précoce, des paniers bien garnis et variés… Sûr qu’ils sont aux petits soins pour les Amapiens, pour maintenir qualité et quantité !

Pour eux, face à ce qui annonce un début de sécheresse, le challenge à relever est de taille. Raison de plus pour leur prêter main forte et faire preuve de compréhension, si nécessaire.

La solidarité est un principe cher aux Amap, c’est donc ici l’occasion concrète de le rappeler ! La chaleur peut être humaine aussi : en plus des visites au jardin, n’hésitez pas à discuter de tout cela avec Isabelle et Alain lors des distributions. On apprend beaucoup de choses grâce à eux, l’échange est toujours instructif… Cerise sur la météo (à la sauce Coué): les solutions bio mises en œuvre par leurs mains expertes pour lutter conjointement contre le manque d’eau, les ardeurs cuisantes du soleil et les insectes colonisateurs sont largement transposables en nos maisons, du jardin d’agrément aux plus modestes potagers ! « La feuille de chou » aura bientôt l’occasion d’aborder ces sujets (comme les auxiliaires de lutte biologique), très prisés des jardiniers amateurs.